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Matière(s) à écrire

31 décembre 2015

IMAGES DE LA PLATEFORME

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8 juillet 2013

Dicotron

"Dicotron" est une expérimentation pédagogique et ludique sur la génération automatique de mots.
En s'appuyant sur une liste de préfixes et de suffixes de la langue française (souvent issus du grec et du latin), le script forme aléatoirement un mot et en précise le sens des racines.
Certains des mots générés aléatoirement existent déjà dans la langue française... mais beaucoup d'entre eux sont spécifiques à des domaines scientifiques et donc très peu employés dans le langage courant.

préfixe
suffixe
étymologie

 À votre tour, générez de nouveaux mots en cliquant sur les racines du mot proposé par le Dicotron.
Amusez-vous à poster en commentaire les définitions de ces mots imaginaires !

Pour commencer, voici quelques exemples :

  • lipocrate (du grec lipos "la graisse" et du grec cratos "le pouvoir, la force") : se dit des gouvernements qui contrôlent les individus en les encourageant à grossir (par une politique nutrionnelle privilégiant les sucres lents et les graisses animales) - La chaîne McDonald's se félicite d'avoir été choisie par les lipocrates du Ministère de la Condition Physique et du Développement de Soi pour assurer le service dans les cantines et les restaurants universitaires de tout le pays ;
  • laryngomancie (du grec larungos "la gorge" et du latin mantia "la divination") : méthode de divination consistant à prédire l'avenir par l'observation des amygdales et des cordes vocales - Selon la laryngomancie chaldéenne, la présence de taches blanches sur l'amygdale gauche est annonciatrice de chutes, d'accidents et de cambriolages (et aussi d'angine) ;
  • ploutophanie (du grec ploutos "les richesses" et du grec phanein "paraître, laisser voir") : attitude consistant à faire un étalage excessif de ses richesses - « Vise un peu le mec avec sa blondasse en Ray-Ban dans sa Porsche Cayenne... Toute cette ploutophanie m'écoeure. »
26 novembre 2012

Questionner [2] - Tendances de recherches et associations textuelles

Voir aussi : Questionner [1] - Le texte comme amorce d'une requête /// expérimentation sur la manière dont les suggestions des robots canalisent les recherches vers les domaines les plus populaires (télé-réalité, sport, religion, sexe...) et privent l'internaute de toute veilléité de curiosité ou d'égarement 


Google Correlate (capture d'écran). Requêtes co-occurrentes à la série temporelle des mois de décembre, identifiées par Google Correlate en France

L'écriture comme révélateur de tendances :
les internautes confient aux moteurs de recherche leurs préoccupations du moment sous la forme de quelques mots-clés. Google Correlate offre aux utilisateurs de pouvoir fouiller les données de recherche par zone géographique et par période.
Mois par mois, au fil des années, le cycle des requêtes formulées par les Français révèle des centres d'intérêt gravitant autour :

  • du rituel et des fêtes calendaires : Noël, le 14 juillet, Halloween, Épiphanie, fête des pères, fête des mères, Saint Jean ;
  • de l'événement sportif : rallyes, courses, marathons, tournois ;
  • de la culture : fête de la musique, printemps du cinéma, journées du patrimoine, festival de cannes, Fiac ;
  • de la cuisine : Thanksgiving, dinde de Noël, galette des rois, foire aux vins, Beaujolais ;
  • et des examens : brevet, bac, concours.

Il est intéressant de noter que, contrairement aux suggestions de recherche qui orientent l'internaute vers des thèmes très télévisuels, la périodicité révèle des préoccupations beaucoup plus ancrées dans l'événement collectif et festif.

     
     
     
     
22 novembre 2012

Google Trends et Google Correlate : tendances de recherches et associations textuelles

L'outil Google Trends permet de calculer les volumes de recherche associés à une requête par période et par zone géographique. Dans l'exemple ci-dessous, j'ai testé la requête "vendanges" sur la France. Outre la courbe de fréquence (qui montre une activité récurrente de la requête à l'automne), la cartographie montre que la requête est plus populaire dans les régions viticoles. Enfin, l'outil liste les requêtes dont les volumes coïncident (cela signifie que les courbes temporelles de ces requêtes sont proches de celle observée pour "vendanges", mais pas forcément que ces requêtes sont conjointes à la requête "vendanges", c'est-à-dire émises par les mêmes internautes et dans la même intention). 

Google Trends (capture d'écran). La requête 'vendanges' en France, analysée par Google Trends

Dans le prolongement de Google Trends, Google Correlate propose une analyse détaillée des co-occurrences entre les requêtes. Les requêtes sont analysées selon l'une de ces trois modalités :

  • hebdomadaire (sur tous les pays ou sur une zone restreinte),
  • mensuelle (sur tous les pays ou sur une zone restreinte),
  • par état américain, sur toute la période balayée par Google (depuis 2003) ou sur une fenêtre temporelle restreinte.

L'internaute choisit une modalité et entre une requête : Google Correlate liste alors les requêtes dont les volumes sont les plus proches de la requête soumise (co-occurrences pour chacune des semaines / chacun des mois / chacun des états en fonction de la modalité choisie). Les résultats obtenus pour la requête "vendanges" (volumes mensuels observés en France) donne les résultats suivants :

Google Correlate (capture d'écran). Volumes mensuels associés à la requête 'vendanges' en France et requêtes co-occurrentes, identifiées par Google Correlate

La modalité choisie est temporelle : de fait, les requêtes co-occurrentes à la requête "vendanges" correspondent aux requêtes effectuées par les internautes à la même saison que les vendanges (inscriptions à la rentrée, ouverture de la chasse, festivals, etc.)

L'outil ne dévoile en rien le fondement des liens entre les différentes requêtes (pourquoi telle requête est-elle co-occurrente de telle autre ? sont-ce les même internautes qui produisent ces requêtes ? quels autres critères que la saison pourraient expliquer les liens observés ?) Pour autant, Google Correlate ancre la requête dans une temporalité et une spatialité qui encouragent la fouille de données et les associations (voir expérimentation Questionner [2] - Tendances de recherches et associations textuelles).

2 novembre 2012

Attention et lecture numérique (Alain Giffard, 2012)

Giffard Alain, 2012. Attention et lecture numérique. Séminaire préparatoire aux Entretiens du Nouveau Monde Industriel, ENSCI-Les Ateliers, Paris, 28 mars 2012

Alain Giffard aborde la question de l’attention du lecteur et de son évolution dans le contexte de la lecture sur écran.

La logique des lectures dites « industrielles » (en référence à la production des lectures automatisées par les robots et à leur industrialisation par les plateformes en ligne) crée un « conflit des attentions » qu'Alain Giffard explique ici par un conflit des cultures.

La période actuelle est marquée par une transition culturelle, mettant le lecteur aux prises avec des chaînes d’attention contradictoires :

  • d’une part l’attention orientée texte, héritée du christianisme et pour laquelle la lecture, associée au livre papier, est indissociable de la méditation et de la « pratique de soi » ;
  • d’autre part l’attention orientée média, représentative des nouvelles logiques de lecture et dans laquelle le lecteur est constamment sollicité et détourné de sa lecture.
Notes de lecture 

Alain Giffard prend comme point de départ les références suivantes :

  • différents travaux scientifiques sur le syndrome du déficit de l’attention, de l’hyperactivité
  • Maggie Jackson : Distracted : the erosion of attention and the coming dark age, 2008
  • Nicholas Carr : Internet rend-il bête ?, 2011

Il y a un problème d’attention lorsqu’il y a un conflit des attentions, il y a un conflit des attentions lorsqu’il y a un conflit des cultures.

Le conflit des attentions à l’époque du développement du christianisme

= conflit entre la culture chrétienne et la culture antique
Cassien décrit la situation d’un jeune moine novice qui n’arrive pas à prier à cause d’images de la culture païenne (Ovide, le « grand tentateur »).

La tentation vient de la cultura : ce n’est pas seulement la culture officielle de Rome, c’est aussi le « petit culte familial », là où le culte et la culture se rejoignent (culte dont le paterfamilias est le prêtre).
→ on cultive les arts et les lettres, dans l’idée de se cultiver soi-même

Métaphore de la chaîne : au-delà du conflit de représentations (risque de zapper d’un espace de représentation à un autre), il y a un conflit de normes : on passe d’un espace normé à un autre espace normé. Le mot « distraere », étymologie latine de « distraire », signifie d’ailleurs « délocaliser » d’un point de vue juridique.
→ la proximité du thème de l’enchaînement avec celui de l’attention est central
Il y a domination, maîtrise dans l’attention : « il faut savoir vivre avec ses chaînes » (Nietzsche). Se désenchaîner, c’est quitter un espace de représentation, mais aussi un espace normatif, c’est-à-dire un format des manières d’être attentif pour un autre.

Différentes propositions ont été faites aux premiers siècles du christianisme pour résoudre ce conflit
Proposition de Saint Augustin : il fait une innovation qui consiste à s’appuyer sur une certaine théorie littéraire pour proposer une certaine conception de l’association de la lecture, de la méditation et de la mémoire.
Le lecteur chrétien dilate le temps (du récit temporel) de sa lecture, par analogie avec la dilatation temporelle qui se produit par l’incarnation de Jésus (l’éternité faite homme). La lecture, la méditation, la concentration sont des « techniques de soi » qui sont discrétisées, séparées les unes des autres.
L’innovation fondamentale de Saint Augustin consiste à placer la méditation au cœur du processus de la lecture et à la placer comme finalité de la lecture : cette proposition provoque la dilatation du temps de conscience. En lisant, on se transforme soi-même et on transforme la mémoire → ce que le lecteur « garde » forme sa conscience de lecteur.

La méditation est le mot latin qui traduit « la veille, l’exercice » → sur « veiller, surveiller », on renvoie au soin de soi, au souci de soi, mais aussi à l’attention, au fait de faire attention. Prendre soin de soi, c’est faire attention à ce qu’on dit et ce qu’on pense (surveillance de soi).
Les confessions de Saint Augustin sont une autobiographie de lecteur, elles mettent en scène un lecteur qui pratique la lecture comme technique de soi, comme pratique de soi.

Saint Augustin est frappé par Ambroise qui pratique la lecture silencieuse.

Par ailleurs, l’objectif de Saint Augustin est de retourner les armes des païens contre eux-mêmes.
→ une certaine technologie de contrôle de l’attention doit être utilisée pour passer d’une culture à une autre

Quelles leçons peut-on en tirer pour la période actuelle ?

À Herbert Simon (prix Nobel d’économie) est posée la question : comment aurait-on pu faire, quelles informations aurait-on dû donner à Johnson pour que les Américains ne perdent pas la guerre du Vietnam ? À cela il répond : il y a une surcharge d’informations – au point qu’elles en perdent leur valeur → l’information consomme une ressource qui est l’attention.
Selon Simon, il faut développer des dispositifs attentionnels pour faire le tri, pour retraiter cette information. L’idée d’économie de l’attention est implicite dans ce positionnement.

L’économie de l’attention n’est pas la situation dans laquelle l’information et la culture sont les produits d’appel pour le marketing et pour la consommation en général. En revanche, l’économie de l’attention correspond à une situation dans laquelle une information est diffusée, le destinataire met en place un dispositif pour trier cette information, un opérateur intervient pour aider ce destinataire (moteur de recherche ou de recommandations) : ayant classé ce service, cet opérateur revend à un tiers (généralement le marketing) l’attention ou la connaissance de l’attention qu’il a du destinataire → idée de faire glisser les gens d’un domaine à un autre (exemple : Google, Amazon, Apple).

Par rapport à l’économie de l’attention, comment se situe la lecture numérique ?
Les lectures industrielles reposent sur la notion d’industrialisation des lectures, i.e. lorsqu’il y a production de lectures automatisées (ex. : robot de Google) et lorsqu’elles conduisent à l’industrialisation des lectures humaines (revente des lectures et des lecteurs selon le modèle de l’économie de plateformes). L’objectif de ces industries de lecture est bien de détourner le lecteur de sa lecture, et même l’acte de lecture de sa pratique pour autant qu’elle constitue une subjectivité du lecteur.

→ la surcharge cognitive dans la lecture numérique rend difficiles l’association lecture-réflexion, le triangle lecture-réflexion-mémoire et la lecture comme technique et comme pratique de soi (association réflexion-lecture pointée par Nicholas Carr).

Conclusion

Autour de la question des jeunes lecteurs – et à partir de la baisse réelle de leurs performances de lecture – se développe une « forme de malédiction » : on dit du mal des jeunes. Comme dit Maggie Jackson, les jeunes sont « distracted », c’est-à-dire distraits, mais au-delà, ils sont « fêlés ».

Y a-t-il dichotomie entre être attentif et être distrait ? En fait, il y a conflit entre la culture classique (et celle du livre imprimé) et la culture industrielle (et celle du numérique, de la télévision). Ce conflit se manifeste par un conflit des attentions, peut-être représentatif de cette période de transition = difficulté à vivre parmi les différentes chaînes d’attention. Le lecteur est tiraillé :

  • entre l’attention classique qu’il vit comme une attention orientée texte – car le livre est un médium qui est capable de se faire oublier (on lit, on lève les yeux et on médite) ;
  • et l’attention orientée média – qui prend une place trop grande, car c’est au lecteur de finir le travail (soit adopter une position critique par rapport aux lectures industrielles, soit accepter de se laisser détourner de sa propre lecture).

Expérience menée par Alexandra Saemmer (Université de Saint-Denis) a demandé à des étudiants de lire des journaux en ligne (avec liens hypertextuels) et de dire, pour chacun des liens hypertexte, de dire :

  • ce à quoi ils s’attendaient à trouver au bout du lien ;
  • ce qu’ils ont trouvé ;
  • ce qu’ils en pensaient.

La première question montre qu’il y a une communauté de lecteurs : tous s’attendent à la même chose (autrement dit que l’espace soit normé de la même manière). En pratique, il y a incompréhension entre lecteurs et rédacteurs (les liens ne correspondent pas à ce à quoi ils s’attendaient)... et les lecteurs sont mécontents.

→ conflit des attentions, i.e. entre une attention (vécue comme) orientée texte et une attention orientée média : dans cet exemple, la surcharge cognitive est d’autant plus grande que les inférences du lecteur sur le lien hypertextuel sont compliquées par le détournement normatif de la technologie hypertextuelle (en gros, le journaliste exploite le lien hypertextuel à sa guise, alors que le lecteur en attend un usage normé... d’où la surcharge cognitive qui exacerbe le conflit des attentions).

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23 octobre 2012

Poésie de la borne wi-fi

Mise Johann, 2011. Le WiFi c'est (parfois) amusant. Billet du blog Tom's Guide, 15 mars 2011, http://www.infos-du-net.com/actualite/photoreportages/272-wifi-reseau.html

De par son statut public, le nom d'une borne wi-fi devient un espace d'expression. Compte tenu de la faible portée des réseaux, les libellés que certains particuliers choisissent sont rédigés à l'intention de leur voisinage. Contrairement à des espaces d'expression tels que les blogs ou les fils Tweeter, l'information est ici (partiellement) anonyme et n'exige pas de l'internaute d'aller intentionnellement sur un site pour y accéder.

Ce procédé est à rapprocher du billet scotché dans le hall d'immeuble ou dans la cage d'escalier. Il est une forme d'appropriation d'un espace public dans lequel l'auteur balance entre contenus explicites et implicites, signés et anonymes.

Le WiFi c'est (parfois) amusant (extrait). Johann Mise, 2011
17 octobre 2012

Hyper CV - _readme.html (Heath Bunting, 1998)

Bunting Heath, 1998. _readme.html. Dispositif sur Internet, http://www.irational.org/heath/_readme.html

En 1998, l'artiste britannique Heath Bunting se met en scène dans un article de James Flint, journaliste fictif au Telegraph. Le récit retrace la biographie de Bunting, à la manière d'un CV détaillé, dans lequel chaque mot renvoie à un site dont l'URL est construite à partir de ce mot. L'artiste se distancie doublement de son œuvre, d'une part en parlant de lui à la troisième personne par l'entremise d'un personnage fictif, d'autre part en démultipliant le texte en autant de pages qu'il y a de mots.

Au-delà de cette construction textuelle et de sa fragmentation hypertextuelle, les contenus associés ne sont pas du fait de l'auteur et posent la question de la paternité de l'œuvre et, plus généralement, des mécanismes d'appropriation liés à l'écriture numérique.

_readme.html (capture d'écran). Heath Bunting, 1998
16 octobre 2012

Apprendre à écrire le numérique (Victor Petit, 2012)

Petit Victor, 2012. Apprendre à écrire le numérique. Séminaire préparatoire aux Entretiens du Nouveau Monde Industriel, ENSCI-Les Ateliers, Paris, 29 mars 2012

Victor Petit évoque les expérimentations qu'il a menées en classes de collège autour de l'écriture numérique et de sa portée dans les processus d'apprentissage.

L'écriture numérique dépasse les schémas traditionnels en ce sens qu'elle n'est plus seulement le pendant du langage (outil de retranscription du langage) mais le révélateur du milieu technique (écriture comme finalité, comme information en soi).

Dans ces expérimentations, l'utilisation d'outils d'écriture collaborative (de type Etherpad) permet aux élèves de prendre conscience des spécificités de l'écriture numérique et, en filigrane, de mener une réflexion sur l'environnement numérique (information, communication, collaboration, etc.)

Notes de lecture 

Deux attitudes très fortement opposées à propos de la lecture numérique à l’école :

  • d’un côté, le fait d’envisager les machines comme de simples moyens et donc de considérer la littérature comme étant seule légitime ;
  • de l’autre, la peur que les machines prennent la place des professeurs.

Concept de la culture technique : pourquoi introduire la question de l’écriture numérique dans les cours de lettres au collège ? → la pratique de l’écriture numérique permet des allers-retours entre lecture et écriture – il s’agit de :

  • sortir de la conception traditionnelle logocentrée de l’écriture comme simple retranscription de la parole,
  • sortir de la conception représentationnelle du langage,
  • sortir de la conception instrumentale de la technique comme un moyen (et non comme un milieu).

Le milieu Internet est invisible comme tel : « l’homme ne voit pas son milieu technique : il voit avec ou selon lui » (la technique est caractérisée par son oubli). La culture technique intervient justement pour rendre visible le milieu, lui rendre son épaisseur, lutter contre l’illusion d’immédiateté. La médiation révèle, elle fait comprendre la spécificité de tel ou tel algorithme (en l’occurrence l’algorithme de Google).

L’écriture numérique donne à penser et à réfléchir autour du numérique. Le milieu n’est pas un moyen : Internet n’est pas un moyen pour diffuser de l’information, c’est aussi la fin, c’est-à-dire l’information technique et sociale elle-même.

Contexte du projet

Traditionnellement, l’enseignement du numérique à l’école ambitionne de former aux usages, à la pratique : ce positionnement repose sur l’idée selon laquelle la fracture numérique est due à des inégalités d’infrastructure et d’équipement. Pourtant, la plupart des collégiens auxquels on s’adresse connaissent très bien l’outil numérique – en revanche, ils n’ont pas forcément la culture du numérique. Un collégien qui blogue ou qui tweete est un « alphabétisé » du numérique, mais il n’est pas pour autant un « lettré du numérique » en ce sens qu’il ne comprend pas le statut de la lettre numérique, le statut de la trace de l’écriture.

→ travail autour, non pas de la distinction alphabète-analphabète, mais de la distinction alphabète-lettré

But du projet

Aborder le numérique à travers la notion d’écriture = comprendre pourquoi l’écriture est informée par la technique et pourquoi les dispositifs techniques sont informés par l’écriture. Travail de réflexion autour des spécificités de l’écriture numérique pour faire réfléchir au numérique lui-même.

Expérimentation

→ réalisée avec le logiciel libre Etherpad d’écriture interactive et collaborative.

Une page de traitement texte avec une fonction chat, sur laquelle on peut écrire à plusieurs, en synchronisés, avec des codes couleurs de sorte que l’on sait qui écrit quoi.

Ce logiciel est introduit dans une classe, on demande aux élèves d’écrire un texte à plusieurs. Des dynamiques d’écriture se mettent en place, on observe notamment que des élèves écrivant peu d’habitude s’y mettent plus volontiers avec cet outil. Par ailleurs, l’outil permet de sensibiliser les élèves à des œuvres littéraires numériques.

Victor Petit travaille actuellement sur un module intitulé « L’écriture des traces ».

15 octobre 2012

Hyperliens analogiques - Traumgedanken (Maria Fischer, 2010)

Fischer Maria, 2010. Traumgedanken. Projet de diplôme en design graphique, Université de Augsburg, format 20 x 28 cm, 76 p.

Autour de la trame du rêve, la graphiste Maria Fischer compose et tisse un livre aux références variées, empruntant à la littérature, à la psychologie, à la philosophie et aux sciences. En s'inspirant de l'hyperlien numérique, elle relie mots-clés et contenus par des fils de couleur dont la confusion et la fragilité viennent souligner le mystère et l'évanescence des rêves.

Au-delà de l'intention de l'artiste et de son interprétation graphique du monde des rêves, ce livre incarne l'hyperlien dans le papier et nous en donne une lecture analogique, révélant en creux la complexité et la fragmentation de la lecture hypertextuelle.

Traumgedanken. Maria Fischer, 2010
12 octobre 2012

Ce que le milieu médiatique fait aux cerveaux (Bruno Harlé, 2012)

Harlé Bruno, 2012. Ce que le milieu médiatique fait aux cerveaux. Séminaire préparatoire aux Entretiens du Nouveau Monde Industriel, ENSCI-Les Ateliers, Paris, 28 mars 2012

Marshall McLuhan, théoricien canadien des médias – Understanding media, 1964

« Nous donnons forme à nos outils, après quoi ce sont eux qui nous donnent forme » : les neurosciences confirment aujourd’hui cette affirmation.

Dans cette intervention, Bruno Harlé questionne les liens qu'entretiennent les processus cognitifs et les nouvelles technologies : qu’est-ce que les nouvelles technologies étendent ou rendent obsolètes dans les domaines de la lecture-écriture, de l’attention, du raisonnement et des apprentissages ? Ces différentes entrées révèlent :

  • l'importance du geste dans les processus d'apprentissage ;
  • le déficit d'attention provoqué par l'écran ;
  • le rôle de l'effort cognitif et de l'implication dans le développement des compétences ;
  • l'influence néfaste de la surcharge d'informations dans les processus de mémorisation.
Notes de lecture 

La question de l'écriture

Le clavier étend la main dans sa fonction de communication – comme le stylo, c’est un média. Mais il rend obsolète le geste graphique. Travail de Marieke Longcamp et Jean-Luc Velay sur la question du graphisme et de son rôle dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture : on active les zones motrices du cerveau non seulement dans les activités d’écriture, mais aussi dans les activités de lecture de lettres. Cela étant, la stabilité de l’apprentissage des lettres est bien meilleure quand elle se fait par le geste : les informations gestuelles sont stockées lors de l’apprentissage et peuvent être remobilisées ultérieurement.

La question de l'attention

L’écran lumineux est utilisé dès le XIXe siècle pour attirer l’attention des gens. La télévision décuple cette capacité en ajoutant de la dynamique. Ces écrans orientent l’attention des gens – on parle d’orientation d’attention (cela s’oppose à l’attention volontaire qu’une personne porte à un objet). L’écran rendrait ainsi obsolète la capacité d’attention volontaire des individus.

Référence : Neil Postman, Se distraire à en mourir – « La télévision enseigne le mieux à regarder la télévision. »

La question du raisonnement

Aujourd’hui, les ordinateurs mettent à disposition de chacun des forces de calcul incroyables, avec de nombreuses aides, des menus déroulants, etc. et les déchargent ainsi des efforts cognitifs. Si l’on compare deux versions d’un même logiciel avec des niveaux d’aide différents, on se rend compte que l’appropriation du logiciel le plus documenté est plus rapide, mais avec ce logiciel, les performances plafonnent et la stabilité de l’apprentissage est bien moindre qu’avec l’autre version du logiciel (exemple typique de l’enfant qui croit savoir jouer aux échecs en utilisant un logiciel qui suggère les déplacements des pièces). En bref, plus l’utilisateur est impliqué, plus il développe ses compétences.

La question de la cognition

« Plus le contenu est riche, plus on fait plaisir au public »... néanmoins, en associant les modalités, on diminue la rétention d’information de par la surcharge d’informations. De la même manière, il est prouvé que l’on retient moins d’un texte augmenté d’hypertextes que d’un texte papier.

Exemple du jeu Nintendo « professeur Kawashima » : du point de vue cognitif, il est prouvé que le jeu est à peu près équivalent au jeu papier-crayon de Pif Gadget.

De nombreuses études montrent que la présence d’un ordinateur à la maison a tendance à détériorer les performances scolaires (au point que certains établissements aux États-Unis ont abandonné leur programme d’éducation par le numérique) – a contrario, l’implication des parents dans l’accompagnement scolaire des enfants a un effet positif sur leur performance, indépendamment du niveau des parents.

Conclusion

« Ce n’est pas parce qu’un média est nouveau et technologique, archi-sophistiqué, hyper complexe, qu’il a une valeur ajoutée en tant que tel pour le développement cognitif et l’éducation. » Par ailleurs, il ne faut pas extrapoler les effets observés d’un nouveau média chez l’adulte (qui dispose déjà de certaines capacités) chez l’enfant pour qui les compétences sont encore à développer. Les neurosciences soulignent l’importance de l’effort cognitif.

Marshall McLuhan : « C’est le moment d’étudier les nouveaux médias et leurs effets. Quand ils seront omniprésents, ce sera plus difficile. [...] Nous ne savons pas qui a découvert l’eau, mais nous savons que ce n’était pas un poisson. »

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